En pleine préparation pour le Munster Trail, il était impensable de faire l’impasse sur une bonne sortie longue. C’est donc dans les Vosges que nous avons choisi de nous entraîner, cherchant à maximiser le dénivelé tout en testant notre matériel, nos ravitaillements et, bien sûr, notre forme physique. Cet itinéraire de trail ne laisse aucune place à la lassitude : il est exigeant et attrayant, tant par son profil technique que par la splendeur des paysages. Résultat : on s’est régalés.
Voici notre récit.
41,9 kilomètres – 2700 de D+

Les premiers pas vers le col du Falimont
8 heures du matin. C’est depuis le parking du Bike Park de La Bresse que nous nous préparons pour cette longue sortie trail sur les sentiers des Vosges. Les montres sont allumées, l’itinéraire chargé, et quelques secondes plus tard, le GPS nous situe. Les bâtons sont déjà en main, car ça grimpe dès le départ sur un sentier balisé entre les pistes de VTT.
Rapidement, le lac de la Lande se dévoile et offre une courte portion de terrain plat avant d’attaquer le premier raidard : 1,3 km et 200 m de d+ sous les remontées mécaniques. Les jambes chauffent doucement, et malgré la fraîcheur matinale, le corps monte en température.



Nous poursuivons en direction du refuge du Sotré, où des ânes nous accueillent. La vue s’ouvre sur la vallée et ses magnifiques lacs. La montée se prolonge jusqu’au col du Falimont, que nous atteignons après 6 kilomètres d’efforts.
Le large sentier en descente nous permet de dérouler en ayant un œil attentif sur le paysage qui nous entoure. Un petit crochet s’impose vers le belvédère du Martinswand et nous permet de nous imprégner de l’incroyable vue sur. Cette sortie trail dans les Vosges démarre sur les chapeaux de roue.

Col du Falimont, le retour
Nous amorçons la descente des Trois Fours sur un single en forêt, avant de bifurquer sur le sentier de la Bloy. Et déjà, nous nous retrouvons au pied du col, face à l’inévitable montée du Falimont. Nous franchissons la tourbière et attaquons les premiers pourcentages de cette belle côte de 780 mètres pour 248 m de D+. Soit 31,6% de moyenne.
Les bâtons vont chercher loin devant, pour soulager au mieux nos mollets et cuisses. La pente est sévère et notre respiration se fait de plus en plus profonde. En pleine ascension, nous croisons des chamois. L’excuse idéale pour s’arrêter quelques secondes et admirer leur dextérité dans les cailloux.


Le dernier push jusqu’au sommet est rude, mes jambes peinent à relancer pour rejoindre le Hohneck. Je marche… lentement… Flo, toujours en aisance, a la bougeotte ! Nous arrivons enfin au point culminant du jour, où une petite pause ravitaillement s’impose pour remplir les flasques et croquer une barre énergétique.
Mais où sont les portions plates ?
La suite du parcours nous emmène en descente vers le téléski du Hinterschallern, via le col du Schaeferthal, sur un sentier sauvage aux vues imprenables.
Devant nous, une nouvelle côte se profile, encore plus rude avec ses 35% de moyenne (300 m de D+ sur 850 mètres) : l’un des terrains d’entraînement de Benoît Gandolfi, c’est dire ! Nous restons focalisé sur la pointe de nos baskets et tentons de compter le nombre de poteaux restants jusqu’au sommet.
Après 23 minutes d’effort, nous atteignons le petit Hohneck, notre récompense. Cependant, pas de trêve pour les cuissots car nous repartons sur une descente vers l’auberge du Schiessroth, puis le lac de Schiessrothried. Le plat du barrage est bienvenu, quelques dizaines de mètres pour souffler et contempler cette merveille niché au pied du Hohneck. Plusieurs groupes sont posés aux abords du lac et profitent d’un moment de détente en famille ou entre amis. Il faut dire que la météo s’y prête à merveille.
Nous les envions un instant, alors que nous sommes à peine à mi-parcours.



Col du Wormspel et descente sur Mittlach
Nous entrons dans les sous-bois. La mousse recouvre les rochers, donnant à cette forêt un air de conte enchanté, rappelant celle d’Oberhaslach ou en Forêt Noire. Nous prenons progressivement de l’altitude. Le premier kilomètre offre un dénivelé positif pas trop méchant mais les choses se corsent sur la fin de l’ascension. Ça grimpe fort jusqu’au plateau sommital.
Depuis le col du Wormspel, l’horizon est dégagé, ça nous ressource. Nous tournons le dos au Hohneck et suivons le sentier des Névé. Ce chemin presque plat, à flanc de colline, nous laisse libre de pousser un peu la foulée et nous prenons plaisir à dérouler dans un décor de moyenne montagne tout en rondeur.
Nous passons à côté de l’Auberge du Kastelberg, vérifions nos flasques : nous n’avons pas besoin de recharger en eau et continuons notre descente. Le terrain devient de plus en plus technique. Le sol soft laisse place à un amoncellement de cailloux que nous tentons de survoler avec la foulée la plus légère possible… en vain !
Aux abords du lac du Fischboedle, nous pouvons relâcher, avant de virer et de nous engager sur un sentier forestier jonché de pierres. Avec la fatigue et l’accumulation des parties non roulantes, les pas sont incertains et quelques jurons se font entendre.



En entrant dans Mittlach, un foodtruck apparaît tel un mirage. Nous faisons le plein de boissons sucrées et allons trouver un banc pour manger notre sandwich. L’hôtel-restaurant Valneige nous accueille chaleureusement pour remplir nos flasques. La déco intérieure y est soignée, une adresse que nous gardons en tête pour une prochaine escapade.
Lac d’Altenweiher et le Rainkopf
Cette pause salvatrice nous permet d’aborder la prochaine difficulté avec une nouvelle fraîcheur. Nous grimpons dans la forêt d’un pas assuré et continuons en direction du lac d’Altenweiher.
Le sentier se transforme en un éboulis de rocailles. Mes pieds heurtent sans cesse dans chaque caillou, je manque de trébucher à plusieurs reprises et peste à nouveau contre ces sentiers qui ne laissent aucun répit à nos muscles endoloris.
A notre arrivée au lac, nous sommes rincés par tous ces obstacles (ces cailloux ?). Nous jetons un coup d’œil à notre montre : il nous reste moins de 10 kilomètres, dont 3,6 kilomètres de montée jusqu’au Rainkopf en passant par le col du Rothen. La pente est douce au départ mais s’accentue petit à petit, jusqu’à nous retrouver le nez dans les genoux. Les parapentistes virevoltent au-dessus de nos têtes, tandis que nous continuons à grimper.
Après un dernier effort, le Rainkopf est enfin atteint. C’est la bascule !




Le terrain, moins accidenté, permet de se décontracter. Nous retrouvons le lac de la Lande et le chemin de randonnée au milieu des pistes de VTT. L’euphorie des derniers mètres s’empare de nous et nous courons à belle allure jusqu’à la voiture malgré les 42 kilomètres dans les jambes.
Épuisés mais heureux, nous nous offrons une bière bien méritée en terrasse. Il nous restera toujours un peu de force pour lever le coude.
Points d’intérêt

Lac de la Lande : lac artificiel avec barrage hydroélectrique situé à 1060 mètres d’altitude
Refuge du Sotré et l’incroyable vue sur les montagnes environnantes
Col du Falimont
Belvédère du Martinswand, qui est également un lieu mythique pour l’escalade
Tourbière du Frankenthal
Le Hohneck, troisième sommet vosgien avec ses 1363 mètres d’altitude
Le petit Hohneck et sa vue sur la vallée de Munster
Lac de Shiessrothried, au pied du Hohneck
Col du Wormspel avec vue sur le lac de Shiessrothried en contrebas
Sentier des névés
Le romantique Lac de Fischboedle et son kiosque
Lac d’Altenweiher
Le Rainkopf et ses 1305 mètres d’altitude
Informations pratiques
Le départ de cet itinéraire de trail est facilement accessible en voiture et avec un grand parking pour se garer (Bike Park de La Bresse)
Il est possible de commencer cette trace depuis d’autres endroits : le refuge du Sotré, le Hohneck, le Gaschney ou Mittlach
On peut facilement raccourcir ce parcours en coupant certaines boucles
A la fin de la sortie, on peut se poser en terrasse pour se rafraîchir le gosier en regardant les VVTistes qui terminent leur descente
