On va en faire un rituel annuel, se prendre quelques jours pour réaliser un tour alpin en rando-trail, c’est-à-dire avec un sac léger pour pouvoir courir sur les parties roulantes. Cette année, nous avons choisi de faire le tour des Combins, une randonnée entre Suisse et Italie autour du majestueux massif des Combins. 5 jours à en prendre plein les yeux, mais on n’en dit pas plus et vous laisse découvrir notre récit, étape par étape.
98 kilomètres – 6480m de D+

Jour 1 : Col du Grand Saint-Bernard à la Cabane de Mille
26 kilomètres – 1485 mètres de D+

Après une nuit passée dans le calme spirituel des Hospices du Saint-Bernard, nous partons, plein d’entrain sur ce premier jour du tour des Combins. Dehors, le brouillard ne s’est pas levé, mais n’entache en rien notre motivation. De toute façon, courir ou marcher dans le brouillard, ça n’a plus de secret pour nous et puis ça ajoute une touche mystique à notre départ.
La première montée est donc brumeuse et nous avançons dans une atmosphère feutrée jusqu’au col des Chevaux. Le soleil se fraye un chemin entre les nuages et nous pouvons découvrir notre premier panorama de ce tour. Les clichés dans le smartphone, nous descendons sur un single ponctué de quelques épingles. Nos pas s’arrêtent net lorsque nous croisons deux chamois, qui sautillent sur les cailloux avec une aisance à nous rendre jaloux.
Petit à petit, le décor minéral laisse place à la verdure. Nous longeons le lac des Toules et arrivons en petite foulée à Bourg Saint-Pierre. Il fait chaud, nous nous rafraîchissons à la fontaine du village.
La véritable ascension du jour débute : une dizaine de kilomètres d’effort continu pour rejoindre le col de Mille. Malgré quelques passages pentus qui mettent à l’épreuve nos jambes, nous prenons le temps de lever la tête pour nous imprégner du paysage. Les fleurs ajoutent une touche de couleur au tableau, c’est bucolique !
La cabane de Mille, notre refuge pour la nuit, est un havre de paix après cette belle première journée sur le Tour des Combins.




Jour 2 : De la Cabane de Mille à la Cabane de Panossière
12 kilomètres – 1300 mètres de D+

Cette étape, bien que courte en distance, est intense en dénivelé. Nous optons pour l’itinéraire alternatif qui nous mène au sommet du Mont Rogneux, à 3084 mètres d’altitude.
Nous suivons le parcours balisé bleu et blanc, qui signifie que nous empruntons un chemin de randonnée alpine. Nous sommes presque immédiatement le nez dans la pente. Les cuisses chauffent, le souffle se fait court à cause de l’altitude et nous usons de nos bâtons pour avancer. Nous avons 2,7 kilomètres et 600 mètres de dénivelé positif à engloutir pour rejoindre le point culminant de la journée et de ce tour des Combins. Le final de l’ascension est plus technique et se fait avec les mains.
Une fois en haut, le spectacle est saisissant : une vue à 360 degrés sur les Combins et le Mont-Blanc.



Les premiers mètres de la descente qui suit sont techniques et demandent toute notre attention. Petit à petit, le dénivelé permet de courir à nouveau et nous déroulons jusqu’à la buvette de Pindin pour nous accorder une pause gourmande à base de fromages d’alpage et de charcuterie qui ravissent nos papilles.
Nous attaquons ensuite la montée vers le col des Avouillons. De là, nous découvrons le glacier de Corbassière, un paysage à couper le souffle. Notre émerveillement ne s’arrête pas là. La descente joueuse est un pur régal et il nous est difficile de rester concentré sur la pointe de nos baskets, notre regard souhaite s’imbiber de tout ce qui l’entoure.
Le second point d’orgue de la journée se dresse devant nous : la passerelle de Corbassière. Une traversée impressionnante au-dessus des torrents, sur un pont suspendu de 190 mètres de long, qui ne laisse pas les personnes sensibles au vertige indifférente.


Un dernier effort et nous atteignons la cabane de Panossière. Et quelle récompense ! Un refuge dans un cadre exceptionnel, face au Grand Combin. Nous en profitons tout l’après-midi, affalés sur les chaises longues ou en train de faire des parties de Skyjo avec nos compères de trail. Au coucher du soleil le ciel est en feu, un beau spectacle pour clôturer cette journée.



Jour 3 : Cabane de Panossière à la Cabane de Chanrion
18 kilomètres – 1110 mètres de D+

Nous quittons la Cabane de Panossière sous un ciel dégagé, prêts à en découdre avec les 18 kilomètres qui nous séparent de la Cabane de Chanrion.
La mise en jambe est rapide et nous entamons après quelques petites foulées notre ascension en direction du col des Otanes. La montée en lacets est agréable malgré quelques beaux pourcentages. Après une trentaine de minutes, nous atteignons le col, offrant une vue imprenable sur le glacier que nous laissons derrière nous.
Un groupe de 11 randonneurs français (qui partage le même itinéraire que nous) nous abordent concernant notre périple et le contenu de notre sac qui leur paraît très très léger. Il est certain que nos petits sacs de 18 litres font figure de poche banane en comparaison de leurs gros sacs de randonnée. Nous échangeons avec humour sur le contenu de nos sacs et notre version minimaliste.
La descente qui suit nous plonge vers Mauvoisin. Nous traversons quelques névés sans difficulté, parfois sur les pieds, parfois sur les fesses ! Le paysage change progressivement, le décor minéral laisse place aux pentes herbeuses, et nous serpentons sur un single raide qui s’adoucit progressivement jusqu’à l’arrivée dans Mauvoisin.


Le tunnel de 700 mètres qui mène au sommet du barrage est un passage incontournable de cette étape. Une aventure souterraine et rafraîchissante et très bien documentée qui retrace l’histoire de sa construction.
Nous longeons ensuite le lac sur la rive Est et franchissons galeries et tunnels creusés dans la roche. Le sentier serpente jusqu’aux îtres et bâtiments d’alpage du Giétro et débouche sur de vastes étendues champêtres : la réserve naturelle du haut val de Bagne où les marmottes règnent en maître. La montée se poursuit vers les lacs de montagne de Tsofeiret et le col du même nom, à 2635 mètres d’altitude.



Nous zigzaguons sur les singles de la descente vers Chanrion et rejoignons rapidement la cabane, qui se manifeste au dernier moment.
Comme d’habitude nous arrivons relativement tôt. Nous prenons nos quartiers, une bonne douche et un encas. S’ensuit les parties de Skyjo et un fish spa dans le lac qui jouxte la cabane.
Jour 4 : Cabane de Chanrion au Refuge de Champillon
24 kilomètres – 1200 mètres de D+

La journée commence avec une descente. Nous préférons emprunter le chemin large pour dérouler paisiblement avant les 4,3 kilomètres de montée et 600 mètres de D+ qui mènent vers la Fenêtre de Durand. Le col marque la frontière, laissant la Suisse derrière nous pour entrer en Italie.
La descente qui suit est un pur plaisir, avec des vues spectaculaires et des sentiers agréables. La piste s’élargit et permet quelques prises de vitesse.
Nous faisons un détour par le Conca di Bay, un petit lac d’altitude, pour ajouter un peu de piquant, de kilomètres et de dénivelé à notre journée. Mais ce détour est vraiment optionnel ! De retour sur le sentier principal, nous voyons un chien solo qui doit venir d’une ferme. Pour éviter toute rencontre inopportune, nous cheminons à travers une ancienne ferme abandonnée, dans les herbes hautes et au milieu de quelques vaches. On n’a pas envie de se faire croquer les mollets ! (On vous a déjà parlé de la phobie de Laura concernant les chiens errants ? :D)




Le chemin se poursuit sur un petit raidillon avant la longue section de faux plat descendant sous un soleil de plomb. Nous cherchons encore le côté descendant de ces 7 kilomètres plutôt monotones !
Avant de gravir la dernière montée vers le refuge de Champillon, nous faisons une pause bien méritée au bord d’un petit ruisseau. Nous nous rafraîchissons la tête, les bras, les jambes, mouillons la casquette et le buff. Une barre pour l’énergie et nous reprenons la route pour 2 kilomètres et 300 mètres de dénivelé positif, au rythme de nos bâtons qui donnent le tempo.
Nous arrivons juste à temps pour le déjeuner, les papilles déjà en ébullition. Le refuge regorge de transats pour se reposer tout l’après-midi. Et cette nuit, nous profiterons du luxe d’une chambre double.
Jour 5 : Refuge Champillon au Col du Grand Saint-Bernard
18 kilomètres – 1385 mètres de D+

Pour cette dernière journée, nous partageons les premiers kilomètres avec Oriabelle et Adrien, nos compagnons de Skyjo et de Yams. Le sentier nous mène vers le col de Champillon, puis nous basculons sur un single panoramique où nous avançons en petites foulées sur un rythme plaisant. 4,2 kilomètres de descente pour passer de 2700 mètres d’altitude à 1820 mètres.
Alors que nos compères descendent vers Saint-Rhémy, nous nous attaquons à l’ascension du col de Barasson. Sous une chaleur écrasante, la montée est rude et ponctuée de passages en lacets assez raides. Arrivés au sommet, nous sommes rincés mais contents de voir le bout… C’était sans compter sur la première partie de la descente qui s’avère être technique et dans les cailloux, avec quelques plaques de neige qui compliquent la progression.




Pour ce tronçon vers le col du Grand Saint-Bernard, nous pensons que passer par Saint-Rhémy est sûrement plus simple. C'est aussi le chemin officiel du tour.
Finalement, nous retrouvons un sentier plus roulant. Nous en profitons pour trottiner afin d’avancer plus rapidement vers la dernière montée du jour et de ce tour des Combins : le raidard final jusqu’au col du Grand Saint-Bernard.
À l’arrivée, la fatigue est bien présente, mais nous sommes heureux d’avoir bouclé ce magnifique périple. Cinq jours de rando-trail à travers les paysages grandioses des Alpes suisses et italiennes. 98 kilomètres et 6480 mètres de D+ de bonheur, si, si, pour de vrai !
Les informations pratiques
Notre matériel de rando-trail
Pour ce genre d’aventure, nous aimons partir léger : un sac de trail de 18 litres chacun (Raidlight pour Laura et Instinct pour Florian). Être léger nous permet de courir sur les portions roulantes, mais c’est également un vrai confort sur la journée. Le hic ? On est limité niveau matériel. Mais on apprend à être minimaliste et à ne prendre que le strict minimum (ou presque !).

Le matos’ Flo :
- Habits : 2 shorts ; 2 t-shirts ; 2 hauts manches longues ; une veste de pluie ; 2 paires de chaussette ; un short pour le soir ; 1 paire de chaussure de trail
- Accessoires : buff ; lunettes de soleil ; frontale ; casquette ; bâtons ; montre gps ; une paire de tongs ; une serviette pour deux
- Alimentation : quelques barres et compotes ; pastilles pour l’eau ; 2 flasques ; 1 saucisson ; 1 conserve de pâté ; et de la place pour un éventuel pique-nique
- Trousse à pharmacie : médicaments ; désinfectant ; pince à tiques ; tape ; ciseaux ; compress ; pansements ; compeed ;
- Autre : câble du téléphone ; câble de la montre ; câble usb ; 1 tête pour charger ; drap de soie ; couverture de survie ; un jeu de dés
La matos’ de Lolo :
- Habits : 2 shorts ; 2 t-shirts ; 2 brassières ; 2 paires de chaussettes ; 1 paire de manchon ; veste de pluie ; 2 hauts manches longues ; un legging et un t-shirt en guise de pyjama ; 1 paire de chaussure de trail
- Accessoires : casquette, lunettes de soleil, buff ; bâtons ; montre gps ; frontale ;
- Alimentation : quelques barres ; compotes ; une conserve de pâté ; et de la place pour un éventuel pique-nique
- Trousse de toilette : mini brosse ; déo ; brosses à dents ; dentifrice ; huile essentielle ; baume anti-frottement ; une lingette lavable ; crème solaire
- Autre : carnet et stylo ; Opinel ; drap de soie ; couverture de survie ; câble de la montre ; câble téléphone ; 1 tête de chargeur

Récapitulatif des points d’intérêt

Col du Grand Saint-Bernard, son lac et les Hospices ;
Col des chevaux qui culmine à 2714 mètres d’altitude ;
Lac des Toules ;
Mont Rogneux et ses 3084 mètres d’altitude avec vue sur le Mont-Blanc ;
La buvette de Pindin pour une pause gourmande dans un bâtiment d’alpage typique en pierre : une ître ;
Col des Avouillons et sa majestueuse vue sur le glacier de Corbassière ;
La passerelle de Corbassière, longue de 190 mètres ;
Le glacier de Corbassière et la cabane de Panossière qui offre une vue incroyable sur le glacier, le Grand Combin et les autres combins ;
Col des Otanes à 2846 mètres d’altitude ;
Barrage et tunnel de Mauvoisin ;
Col de Tsofeiret à 2635 mètres d’altitude ;
La Fenêtre de Durand pour passer de la Suisse à l’Italie ;
Col de Champillon à 2708 mètres d’altitude ;
Col de Barasson à 2634 mètres d’altitude pour passer de l’Italie à la Suisse
Les hébergements
Jour 0 : Hospices du Grand Saint-Bernard (65Chf./personne en dortoir et demi-pension – 85Chf./personne en chambre et demi-pension)
Jour 1 : Cabane de Mille (71 Chf/personne en dortoir et demi-pension)
Jour 2 : Cabane de Panossière (80 CHF/personne en dortoir et demi-pension)
Jour 3 : Cabane de Chanrion (94 CHF/personne en dortoir et demi-pension – 74 CHF pour les détenteurs de la carte CAF)
Jour 4 : Refuge Champillon (170€ pour deux en chambre double avec salle de bain et demi-pension – 70€/personne en dortoir et demi-pension)

Remarques
Le tour des Combins s’appellent depuis peu le grand tour des Combins car il a été fusionné avec le tour du petit Saint-Bernard ;
Vous pouvez commencer le tour à partir de Bourg Saint-Pierre ou Saint-Rhémy ;
Pour avoir pleins d’informations sur le tour des Combins, on vous dirige vers le blog de Novo-Monde : une mine d’or pour organiser votre trek.